lundi 25 février 2008

Un Etat Policier, Bravo le gouvernement Sarkozy

9 ans et en "garde à vue": "S'il avait été blanc, ça aurait été différent"
Par La rédaction du Post , le 20/02/2008

Des agents de police du commissariat du 18ème, à Paris, ont entendu le petit garçon pendant 4 heures. Sa mère raconte au Post.

Mardi 12 février, école Clignancourt, Paris 18è, cours d'informatique, CM1. B., 9 ans, se chamaille avec sa camarade du même âge. Elle l'insulte et le traite de "con", il la gifle. Une heure plus tard, il est au commissariat de la Goutte d'Or, pour quatre heures de garde à vue.

Nadjet B., 31 ans, la mère de l'enfant, ne décolère pas. Elle raconte au Post.Que s'est-il passé ?"

Le 12 février, vers 12h30, j'ai reçu un appel sur mon portable. C'était le directeur de l'école. Il m'a dit "Je suis en présence de policiers" et m'a aussitôt passé un agent de police. "On embarque votre fils au commissariat de la Goutte d'Or. Venez le chercher" m'ont-ils seulement déclaré."Comment ça s'est passé au commissariat ?

"A 13 h, j'arrive au commissariat. Je me présente. On me fait patienter 30 mn en salle d'attente. Je ne sais pas comment va mon fils, je ne comprends pas. Vers 13h30, on m'invite à monter au 3è étage. J'y croise la mère de C.. Sans même savoir ce qu'il s'est passé, je m'excuse, pensant que cela devait être très grave pour qu'on en soit arrivés là. A ce moment-là, je crois que c'est l'école qui a appelé la police, je ne peux pas imaginer qu'une mère ait pu le faire. J'ai vu la petite C., elle n'avait ni bleu ni hématome.

"Quelle a été le comportement des policiers ?

"Vers 14h, quand j'ai enfin pu voir mon fils, j'ai dit aux agents, choquée : "Comme vous semblez agir à l'américaine, vous n'avez qu'à lui faire visiter les locaux de la garde à vue pendant que vous y êtes !" Ils m'ont prise au mot ! Je n'en revenais pas. Ils ont emmené mon fils dans les salles de garde à vue, avec toutes les autres personnes en garde à vue, sans moi. J'ai su par la suite qu'ils avaient considéré ma question comme une agression.

"Ben Ali a-t-il été entendu seul ?"

De 14h à 15h30, je suis restée encore seule, assise sur un banc, pendant qu'on interrogeait mon fils. Après, la police m'a fait croire que c'est le directeur qui les avait contactés pour venir chercher mon fils. Je ne l''ai revu qu'à 16h15. Il n'avait rien bu ni mangé depuis son petit-déjeuner.

"Qu'avez-vous fait après être sortis du commissariat ?

"On est sortis vers 16h20 et on est rentrés à la maison, sonnés. A 17h30, je me suis entretenue avec le directeur de l'école. Il m'a affirmé qu'il n'avait pas appelé la police. Il m'a raconté que quand la police est arrivée à l'école, il s'est opposé au fait que mon fils soit emmené au commissariat. La police lui a répondu qu'elle se substituait à son rôle de décideur et qu'il n'avait pas le choix. Il a appelé l'inspecteur qui lui a conseillé de ne pas s'opposer. Il n'a rien pu faire.

"Comment va votre fils ?

"Il a souffert de grosses migraines pendant deux jours, dues au choc, selon le médecin. Il est choqué, mais c'est à l'école que c'est dur. L'autre jour, il m'a dit :"Maman, dis-leur que j'ai pas été en prison, ils ne me croient pas !

"Et les autres enfants ?

"Je sais que plusieurs enfants ont été très choqués. Certains n'ont même pas osé en parler à leur parents car pour eux c'était tellement grave qu'ils n'osaient pas en parler

"Avez-vous parlé à la mère de la petite fille ?

"Non, pratiquement pas. J'ai su que, compte tenu des conséquences de son appel, elle avait voulu retirer sa plainte. La police lui a dit que ce n'était pas possible, car elle devait écrire au procureur.

"Que pensez-vous de tout ça ?

"Je vis dans le 18ème depuis 30 ans et sais très bien comment la police y fonctionne, c'est-à-dire de façon très particulière. Je suis séparée du père de mon fils depuis 6 ans, et, à l'époque, j'ai subi des violences conjugales. Eh bien, alors qu'ils ne me sont jamais venus en aide quand j'en avais besoin, la police a été raconté cela, c'est-à-dire ma vie privée, à la mère de C. ! Mon fils a subi un traumatisme, il a été victime d'une injustice, qui plus est dans l'enceinte de l'école. Il s'agit d'une vraie discrimination. S'il avait été question d'un pett blanc, croyez-moi, les choses se seraient passées différemment."